L’autre jour, au détour d’une séance de karaté, j’ai eu le plaisir de croiser un ancien élève du centre. Avec un sourire radieux, il m’a lancé fièrement :
« M’sieur, j’ai fait 5.9 à l’école ! »
Attendri, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire en me disant que pour mes élèves, je reste « Monsieur Eurê-K », peu importe le contexte ou le nombre d’années qui passent. Aucun problème, je suis passionné par les jeunes et par mon travail !
J’enchaîne en le félicitant franchement pour ce résultat et pour la formidable progression dont il m’a déjà fait part auparavant car ce jeune homme a fait un parcours impressionnant :
Il est parti d’une classe à exigences de base pour intégrer aujourd’hui une classe générale. Ce n’était pas un chemin facile, mais il a persévéré, et ce 5.9 est la preuve éclatante de ses efforts !
J’en profite pour prendre des nouvelles de son frère que j’ai croisé un autre jour à l’entraînement. De fil en aiguille, j’apprends qu’il est l’aîné de 5 frères et d’une sœur…Comme moi, ce jeune homme est issu de l’immigration et à cet instant précis, je suis intellectuellement et émotionnellement bouleversé : d’un côté, j’éprouve une immense joie et fierté pour cet adolescent dont, on le sait, les chances de réussite scolaire sont malheureusement plus faibles que pour d’autres. De l’autre, l’enseignant terre à terre que je suis ne peut s’empêcher de se demander :
comment parvient-il à étudier de sorte à obtenir de tels résultats dans un contexte familial qu’on imagine difficilement propice à l’étude ?
Après un certain temps de réflexion, ma lanterne s’éclaire : la clé de sa réussite, c’est « l’étude » ! Vous savez, ce temps que le C.O. met à disposition des élèves pour leur permettre d’effectuer leur travail personnel.
Ce jour-là, j’ai trouvé une raison supplémentaire (et une bonne !) de défendre cette initiative des écoles bulloises. Elle est bien plus qu’un simple temps de travail : elle représente une démarche puissante pour réduire les inégalités sociales et donner aux élèves issus de milieux moins favorisés une chance d’atteindre leurs objectifs.
En tant qu’enseignant, voir ces jeunes dépasser leurs propres attentes, s’épanouir malgré les défis et briser les barrières est le plus beau des encouragements.
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